Libre choix
Suite à une grossesse imprévue, peuvent subvenir de nombreuses émotions accompagnées d’une période de réflexion. Plusieurs facteurs sont à tenir en compte tels que les valeurs, les projets et ambitions de la personne concernée. Peu importe le choix, celui-ci appartient à la personne enceinte et la décision doit être prise de façon libre et éclairée. Les proches et partenaires ne peuvent influencer ce choix ou exercer de la coercition reproductive. Il s’agit de ton corps et ta décision. D’où l’importance du libre choix et la défense de ce droit.
Avortement
Si tu décides d’interrompre une grossesse, tu peux communiquer avec nous pour te référer à une clinique de planning dans ta région. Nous offrons une ambiance sans jugement et sommes là pour t’aider. Si tu as l’âge de 14 ans, l’autorisation d’un parent ou tuteur n’est pas nécessaire pour un avortement, il s’agit d’une procédure confidentielle.
De plus, le Collectif pour le libre choix est formé pour offrir des services d’accompagnement, au besoin.
En Estrie, les avortements se pratiquent jusqu’à 23 semaines de grossesse, cela peut différer selon les régions. Il existe deux méthodes d’avortement : par instrument et par médicament. La pilule abortive peut être prise jusqu’à 9 semaines de grossesse. Celle-ci permet d’avorter où tu veux et quand tu veux. Demande des renseignements à ton professionnel de la santé.
Processus
L’avortement par instrument est une méthode qui se réalise par un·e professionnel·le de la santé par dilatation, aspiration et curetage. Avant l’intervention, le médecin effectue un examen gynécologique et/ou échographie pour déterminer le stade gestationnel du fœtus ainsi que l’emplacement exact de celui-ci. L’intervention consiste à dilater le col de l’utérus, c’est-à-dire l’ouvrir de quelques millimètres. Ensuite, le contenu de l’utérus est aspiré pour enfin faire un curetage pour s’assurer qu’il ne reste aucun tissu fœtal. Une anesthésie local est réalisée sur le col de l’utérus pour diminuer l’inconfort et des produits calmants peuvent être offerts. L’intervention peut durer de 15 à 30 minutes. Des crampes et des saignements semblables à ceux des menstruations peuvent être ressentis et le cycle menstruel se rétablie quelques semaines suite à la procédure.
L’avortement par médicament est une procédure qui combine deux médicaments, soit la mifépristone et le misoprostol. Ce combiné est appelé Mifégymiso. La mifépristone a pour but d’interrompre le développement de la grossesse et le misoprostol engage l’expulsion du contenu de l’utérus. Avant d’entamer cette procédure, une visite au gynécologue est impérative afin d’assurer que le stade gestationnel du fœtus est de 9 semaines ou moins. Si tel est le cas, les explications et étapes de la procédure seront fournies par un professionnel de la santé pour que l’utilisation des médicaments soit faite de façon sécuritaire. Cette méthode peut être administrée à la maison ou lieu choisi par la femme ou personne enceinte ainsi lui donnant plus d’autonomie et de contrôle. Des crampes et saignements sont possibles. Ensuite, un suivi s’avère nécessaire pour s’assurer que le processus est complet donc qu’il ne reste pas de produits de conception dans l’utérus.
La fertilité n’est pas compromise suite à un avortement alors il peut être pertinent de choisir une méthode de contraception qui convient le mieux.
Coûts
Au Québec, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un service assuré en vertu de la Loi sur l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Les services sont financés par la RAMQ depuis 2006. Pour les femmes ou des personnes sans carte RAMQ, des arrangements financiers sont possibles dans la plupart des établissements. La situation est étudiée cas par cas, selon l’établissement.
Adoption
Si tu optes pour l’adoption suite à une grossesse imprévue, voici les ressources de référence. Le Centre Jeunesse du Québec et la direction de la protection de la jeunesse doivent être contactés lorsque ton choix est fait. Il est important que cette décision soit prise de façon libre et éclairé afin de pouvoir obtenir le soutien adéquat dans ce processus. Les intervenant·e·s du service d’adoption peuvent être à ton service en tout moment. Il est impératif que tu prennes contact avec le CISSS et le CIUSS de ta région.
Garde
Dans ce cas, il est important de visiter un professionnel de la santé ou gynécologue pour un suivi de grossesse afin de s’assurer que tout se déroule bien pour mener à terme cette grossesse. Si tu es jeune, seule ou tu as des inquiétudes de nature financière ou autre, il existe des organismes qui peuvent venir en aide et t’accompagner dans cette nouvelle étape. Peu importe ta situation, des ressources sont mises à ta disposition.
Tour d’horizon
Selon l’OMS, 73 millions d’avortements ont lieu annuellement dans le monde. On estime que 6 grossesses sur 10 se terminent par un avortement volontaire. L’interruption volontaire de grossesse est une pratique courante, mais qui n’est pas légale partout dans le monde et si elle l’est, son accès est limité ou soumis à des conditions. Les femmes et les personnes qui défient la loi ont recours à des avortements clandestins, dans des conditions insalubres qui mettent leur santé reproductive ou leur vie en danger. L’accès à des services de soins de santé reproductive est primordiale, d’où l’importance de notre lutte pour le droit à l’avortement. Il s’agit d’un enjeu de grande ampleur, car 45 000 femmes meurent chaque année suite à un avortement clandestin.
Voici un portrait du droit à l’avortement illustré dans cette carte du monde :
Situation actuelle
L’avortement au Canada a été décriminalisé le 28 janvier 1988 dans un jugement de la Cour suprême du Canada alors que le Dr Henry Morgentaler était accusé une xième fois de pratiquer illégalement. Cette fois, le jugement nommé Morgentaler et al. C. Sa Majesté La Reine déclare inconstitutionnelle la loi sous laquelle il était accusé. Cette décision basée sur l’article de la Charte canadienne des Droits et des Libertés annule et empêche dès lors, pour quiconque, au Canada toute restriction règlementaire à l’avortement. Par conséquent, il n’y a aucun texte de loi concernant le droit à l’avortement, mais le droit à choisir est reconnu.
L’avortement, ou l’interruption volontaire de grossesse (IVG), est un acte médical légal comme n’importe quel autre et un soin essentiel à la santé. Il est pratiqué dans un environnement sécuritaire par des professionnels formés. Les services d’avortement sont offerts à travers le pays dans différents établissements tels des cliniques médicales, certaines cliniques privées, CLSC et hôpitaux. Malgré que ces services soient offerts et que les femmes peuvent avorter de façon sécuritaire, libre et gratuite, il existe des limitations quant à l’accès aux services dans certaines régions. Il est impératif que toute personne puisse avoir accès à des services de santé reproductive dans sa région et ce sans limitations.
La loi 92, adoptée le 7 décembre 2016, donnant du pouvoir à la RAMQ, vise à protéger l’accès aux services d’interruption volontaire de grossesse et les personnes qui y accèdent. Cette loi établie un périmètre de sécurité de 50 mètres autour des centres d’avortement, ainsi interdisant que des manifestants tentent d’obstruer l’accès à celles-ci. Le non-respect du périmètre de sécurité est passible d’une amende allant jusqu’à 1250$. D’autre part, le harcèlement ou l’intimidation d’une personne allant à une clinique d’IVG peut entrainer une amende de 500$ à 2500$. Ces zones sécuritaires permettent l’accès aux services sans crainte de la présence de personnes qui remettent en question le droit à l’avortement où s’y opposent.
Mouvement féministe
Dans toute cette lutte pour l’avortement, le mouvement féministe a également joué un rôle très important. Les militantes se regroupent pour la première fois le 9 mai 1970 à Ottawa et plusieurs se rajoutent au nombre le lendemain à Montréal. Après cette date, les féministes, qui veulent se faire entendre auprès du gouvernement, ont recours à des manifestations, des conférences de presse, des lettres, pétitions, télégrammes, brochures, articles, etc.. Ces femmes réclament entre autres :
- Le retrait de l’avortement du Code criminel
- L’avortement libre et gratuit
- L’arrêt des poursuites judiciaires déjà intentées
- Le droit des femmes de décider de leur maternité
- La maîtrise de leur fécondité
- Le contrôle de leur corps
- Le respect sans jugement du choix des femmes
- La contraception gratuite, efficace et non-nocive pour la santé des femmes
- Un financement et un soutien accru aux programmes de planning des naissances incluant des services d’avortement assurables, accessibles et de qualité, et ce dans toutes les régions du Québec