Aujourd’hui, ce 26 juin, nous nous joignons à nos collègues des États-Unis pour exprimer notre indignation et notre support suite à la décision de la Cour suprême qui vient d’annuler l’arrêt Roe c Wade. C’est une mauvaise décision. Elle va faire du tort à des millions de personnes. C’est un recul pour toutes les femmes et personnes pouvant être enceinte.
On est témoin encore une fois que les opposants au droit à l’avortement tiennent des discours sur des corps qui ne sont pas les leurs et se permettent le droit de décider pour les autres.
Roe v. Wade est la décision de la Cour suprême de 1973 qui a établi l’accès à l’avortement comme un droit constitutionnel aux États-Unis. L’annulation de l’arrêt Roe v. Wade remet entre les mains des gouvernements de chacun des États du pays les décisions quant à la légalité de l’avortement. On sait que plusieurs d’entre eux ont déjà adopté des lois sévères et on estime que plus de la moitié des USA va adopter des lois très restrictives aux services d’avortement. Ça va avoir un impact disproportionné et des répercussions inéquitables et dévastatrices. C’est une attaque sur les personnes racisées, les personnes de la classe ouvrière, les personnes handicapé-es et les personnes 2SLGBTQIA+ qui ont besoin de recourir à des services d’avortement, qui sont, rappelons-le, un service de santé sexuelle essentiel reconnu par l’ONU.
L’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par un appareil judiciaire politisé est un exemple de prise du contrôle des institutions démocratiques. C’est une attaque anti-choix, anti-avortement, par des groupes qui y travaillent depuis une bonne cinquantaine d’années. C’est une petite faction de fondamentalistes qui, aux quatre coins du monde, dirigent une offensive contre la santé et les droits sexuels et génésiques. Nous le constatons aujourd’hui aux États-Unis, mais nous l’avons vu aussi en Pologne, en Russie, en Hongrie et dans de nombreux autres pays au cours de la dernière décennie.
Même si le contexte est bien différent, ici au Canada, ne nous croyons pas à l’abri. Des projets de loi privés et des motions ont été déposés en continu depuis les 30 dernières années. Le quart des député-es actuel-les ont votés en faveur de restrictions au droit à l’avortement. Heureusement pour nous, aucune de ces loi ou motions n’a pu être adoptée. Les mouvements anti-avortement sont bien financés et dotés de ressources considérables. Ils sont prêts à s’organiser et à contester le droit à l’avortement au Canada. Le Canada doit rester un ardent défenseur des droits humains et aussi de la démocratie. Ce sera possible que si nous poursuivons notre travail pour faire avancer les droits sexuels et génésiques – y compris le droit à l’avortement qui est un service de santé essentiel – dans notre pays et à l’échelle mondiale. Nous avons vu des victoires populaires en faveur de l’avortement dans des pays comme l’Argentine, le Mexique et l’Irlande, ce qui nous rappelle le pouvoir et l’importance de la lutte et la mobilisation pour le droit et l’accès à l’avortement.
L’accès aux services au Québec est encore très inégal. Certaines régions ont peu de ressources et sont éloignées des grandes villes ce qui oblige de longs déplacements, et même plusieurs. Le Collège des médecins fait aussi obstruction à l’accessibilité de la pilule abortives en invoquant toutes sortes de restrictions non scientifiques.
L’avortement est et sera une nécessité absolue tant et aussi longtemps que la charge contraceptive appartiendra aux femmes, qu’il n’existera pas de moyens de prévention efficaces à 100% et sans risque pour la santé des femmes, que les différents modes de contrôle des naissances ne seront pas gratuits pour toutes, qu’une éducation sexuelle positive, inclusive et émancipatrice ne sera pas offerte à tous les niveaux d’éducation.
L’avortement est et sera une nécessité absolue tant et aussi longtemps que les femmes serviront de butin de guerre, que subsisteront les viols, les incestes, les rapports sexuels contraints et les violences conjugales.
L’avortement fait partie intégrante de la vie des femmes. Il est la procédure médicale la plus commune. Il est un acte courant et ne devrait pas être tabou. Il est un acte médical sans risque pour la santé lorsqu’il est légal et pratiqué dans des conditions sécuritaires.
Restreindre, interdire, criminaliser l’avortement n’en fera pas diminuer le nombre. Au contraire. Ça mettra la vie des femmes et des personnes en diversité de genre en danger.
Le pouvoir de prendre des décisions en matière de soins de santé, incluant l’avortement et la contraception, qui ont un impact sur notre vie, sur notre santé mentale et physique et sur notre avenir est notre droit humain. Nous ne pouvons pas garder le silence. Nous devons demeurer vigilant-es afin de défendre et de protéger le droit à l’avortement et son accessibilité pour toutes personne sans discrimination.
Nous disons NON aux discours anti-choix ou anti-avortement qui proclame « le respect de la vie » ou encore « le droit à la vie ». Et la vie des femmes, elle ?
Nous n’avons pas à recevoir de leçon de quiconque. Nous devons être libres de décider de se reproduire ou non, du nombre, du moment et des conditions de la mise au monde des êtres humains. Nous avons le droit à l’égalité, à la sécurité et à la liberté.
Ni pape, ni juge, ni médecin, ni conjoint, c’est aux femmes de décider !